Figaro
Figaro a pris le grand large !
Je n' ai pas su détecté sa balise de détresse, il a expiré sa dernière bulle – dans laquelle on aurait pu lire « Bon vent ».
Il s'en est allé comme il est venu, sans un mot!
Âgé de trois ans, il en a écouté des confidences, et combien de fois sa présence a su réconforter. Discret dans sa sphère vitrée, petit par sa taille, mais immense par sa présence, il faisait partie des meubles ce petit être, il ne se passait pas une heure sans qu'on lui jette un regard machinal. Il attirait l'attention dans son bocal dont il a fait plus d'un million de fois le tour. Dans le fond de celui-ci se trouvait son chez-soi, une amphore trouée en plusieurs endroits. Ce qui lui permettait à lui aussi d'avoir ses moments de solitude et d'être à l'abri des regards. Quand on le nourrissait, il remontait à la surface comme pour nous remercier.
Il s'en est allé dans son habit d'écailles rouge vif rejoindre le grand lagon de la station d'épuration. Ce petit poisson rouge a pris le large au fil des eaux ! Sa captivité s'est achevée, j'espère que sa vie aura été aussi douce qu'il a su rendre la mienne. Je n'ajouterais aucun jeu de mots, je resterais muet comme une carpe. Je te laisse la dernière bulle, toi, mon ami Figaro. Tu rejoins les abysses et je ne peux m'empêcher cette pensée :
Va, vogue sur ton destin !